Motel un peu merdique

Joy fait non de la tête en lâchant un petit rire.

" Mais non. "

Elle vide la baignoire parce qu'elle va pas se laver dans la crasse de Max, elle fait couler de l'eau et se met à genoux au bord de la baignoire pour passer de l'eau sur son visage et retirer le maquillage, ça met du temps vu comment ça semble bien imprégner à sa peau.

Max s'assoit sur le lit et la regarde dans un silence presque religieux.

Joy lâche un soupir de contentement, elle se met ensuite nue pour s'installer dans la baignoire. Max peut voir que Joy est sûrement une européenne, ce qu'elle pouvait déjà un peu deviner vu qu'elle n'a pas les yeux bridés, la peau de son visage est aussi blanche que le reste de son corps et elle deux cicatrices fine mais très visible qui part du coin de ses lèvres et remonte sur ses joues comme si on avait agrandit son sourire.

Max la regarde, elle ne sait pas trop si elle peut poser la question. Après quelques secondes de silence pesant, elle ose.

" Qui t'a fait ça ? "

Joy a les yeux fermés, elle semble relativement détendue.

" Ca quoi ? "

" Tes cicatrices, aux coins des joues. "

Joy ouvre un peu la bouche, elle fait claquer sa langue.

" Ruiner. "

" Je vois ... "

Max ne demande rien de plus, parce qu'elle n'a pas vraiment envie de savoir ce que Joy a subit d'autre. Elle se contente de se sécher et de récupérer ses vêtements secs.

" Il te fait peur, hein ? "

Max hoche la tête lentement.

" Oui. J'ai déjà reçu des menaces, des menaces de mort. Mais ça ne m'a jamais touché comme les siennes. Il a failli m'avoir à un moment, et dans ma tête j'étais juste en train de penser à des moyens de me suicider avant qu'il m'atteigne. "

Joy lâche un petit rire.

" Ce qui ne tue pas nous rend plus fort, Major Maxou. "

" Je sais. Je ne sais juste pas si je pourrais résister à ça. "

" Je suis sûre que tu es plus forte que ça. "

" Je ne sais pas. Je n'en suis pas sûre. "

" Arrête de te sous-estimer, c'est surtout ça ton problème, tu te sens trop inférieure et c'est ce qui finira par te tuer si tu continue. "

" Je peux résister à la torture. C'est tout ce qui touche ... Les abus sexuels, je ne sais pas. Pourtant je n'ai jamais été violée, je ne connais personne qui l'ait été, je n'ai jamais assisté à un viol ou quoi que ce soit mais ... Pourquoi est-ce que, quand on veut torturer un homme, on s'attaque à son corps d'une manière générale, mais quand c'est une femme tout de suite il y a une connotation sexuelle. Je veux dire, pour torturer un homme la première chose qui vient en tête ça ne va pas être lui enfoncer un truc dans le cul. Pourtant pour une femme, c'est exactement la première chose à laquelle ils vont penser : l'humilier, toucher à son intégrité physique, intime. Comme si pour un homme, non, ça ne se fait pas. Ou presque pas. Par contre pour une femme, si, la première chose qui leur vient à l'esprit pour faire du mal, humilier, soumettre, c'est de la violer. "

" Oh, je te rassure, il y a des personnes qui peuvent torturer une femme sans la violer... mais je suppose que si le viol vient en premier, c'est parce que ça leur permet d'exprimer leurs plus bas instincts, de prendre le contrôle sur une femme, de se sentir puissant, violer un homme ça ne leur apporte rien de véritablement satisfaisant... mais agir comme des bêtes sauvages sur une femme par contre... "

Elle marque une pause.

" Ruiner m'a fait du mal comme ça. "

Max baisse la tête.

" Je suis désolée ... Je sais que ça ne changera rien mais je suis désolée que ça te soit arrivé ... Personne ne mérite ça. "

" C'est surtout que c'est pas la peine que tu sois désolée, t'es pas responsable. "

Elle se redresse pour se laver.

" Je sais bien ... "

Elle lâche un soupire et va se mettre devant la fenêtre pour regarder dehors.

Maxine peut voir les gyrophares de véhicules de police au loin, elle voit aussi des gens aux allures de "thug" marcher dans les ruelles.

" Je plaisantais au fait, tu embrasses bien. "

Max regarde ce qu'il se passe dans la rue avec une certaine curiosité.

" Je sais. Et toi tu n'es pas une lunatique. "

" Ah ah, non ça c'est vrai par contre... j'ai bien aimé ton regard inquiet. "

Max souffle du nez.

" Je n'avais pas vraiment envie de rester là haut. "

" Tu étais dans un endroit confortable, pourtant. "